En France, on emploie l’expression « faire de la méditation » alors que méditer n’est pas une action, c’est un état, un état de conscience, un état d’être.
A l’évocation du mot méditation, plusieurs images surgissent accompagnées de réflexions pas toujours positives.
On imagine, par exemple, une personnes assise en lotus, avec les mains posées d’une manière précise, très concentrée. Ou alors un moine, assis en tailleur et on se dit qu’on y arrivera jamais car, eux, ont des années d’entraînement !
Difficile pour ceux qui ne peuvent pas rester immobiles plus de trois minutes de se projeter dans ce qui semble être une ascèse insupportable.
Par quoi commencer ?
La méditation, est raja yoga ou yoga royal, c’est à dire le moyen de retrouver ce que l’on est, notre essence.
Le yoga semble donc tout indiqué pour vous préparer à cela et c’est même un de ces objectifs.
A condition qu’il soit fait avec beaucoup de conscience et de concentration, en suivant la respiration, le yoga aide à poser et à reposer le mental et nous met, justement, dans cet état qu’est la méditation.
Les exercices en assises seront alors plus faciles.
Cela signifie que déjà, en étant actif, en prenant les différentes postures de yoga, on « est » en méditation.
Pranayama et observation du mental
Si on commence directement en étant assis, le mieux est de faire des petits exercices et non pas seulement être immobile le plus longtemps possible.
Pour que le mental s’arrête, il faut d’abord savoir comment il fonctionne.
On observe les pensées, on ne s’y attache pas, on les laisse passer.
On observe alors comment s’enchaînent nos pensées, quelles pensées viennent le plus souvent, qu’est-ce qui vous préoccupe, qu’est-ce qui vous met en colère, qu’est-ce qui fait que vous n’êtes pas vraiment là ? Et donc pas dans l’état de méditation ?
On prend conscience que le mental n’arrête jamais, qu’il y a un défilé d’images et de réflexions qui s’enchaînent sans arrêt. C’est vertigineux.
Quand on arrive à laisser passer une pensée sans la suivre, on est vraiment sur le bon chemin.
Un petit exercice :
Assis au sol ou sur une chaise, confortablement, le dos droit, vous allez imaginer que votre inspiration monte dans vos bras jusqu’aux épaules. L’expiration descend le long des bras jusqu’aux paumes de mains. Vous restez concentré sur ce mouvement de la respiration le long de vos bras, vous suivez ce mouvement.
Si vous décrochez et que vous pensez à quelque chose, observez votre pensée et laissez la passer comme un nuage dans le ciel. Ne vous laisser pas emporter par cette pensée.
Au début, des pensées arriveront très vite et vous emmèneront avec elles. Petit à petit, il y en aura moins et vous serez juste observateur.
Méditer en mangeant
Si vous n’êtes pas adepte de l’immobilité ou si vous voulez aller plus loin que l’assise, sachez qu’il est possible d’utiliser les gestes du quotidien pour expérimenter l’état de méditation.
Des exemples ?
Imaginons que vous décidiez de manger un fruit.
Prenons une pomme.
D’habitude vous la prenez et vous croquez dedans ou bien vous l’épluchez peut-être avant ?
Alors, aujourd’hui, prenez votre pomme, regardez là. Sentez son odeur extraordinaire. Prenez le temps de toucher sa peau et de sentir sa rugosité, sa fraîcheur, son relief, etc
C’est déjà tout un voyage…
Puis au lieu de vous précipiter pour mordre. Croquez un morceau en sentant à nouveau l’odeur, le parfum du fruit. Puis ressentez le liquide qui coule dans votre bouche, goûtez au goût de la pomme.
Vous allez mettre plus longtemps que d’habitude pour manger votre pomme, certes, mais quel plaisir ! Elle va vous nourrir beaucoup plus que d’habitude aussi. Vous allez faire une vraie pause pour vous remplir de cette nourriture en vous rendant compte que vous vous remplissez aussi d’autre chose de plus subtil…
Au quotidien
La plupart du temps, nous ne sommes pas présents à ce que nous faisons. Notre corps s’active pendant que nos pensées nous emmènent ailleurs.
Nous sommes coupés de notre corps, de nos sensations, de nos émotions et nous ne sommes jamais dans l’instant.
Or, c’est cela la clé pour être heureux, pour être bien au quotidien : être attentif à ce que nous sommes à chaque instant.
Ainsi, manger, faire la vaisselle, marcher, passer l’aspirateur, conduire sa voiture peuvent être réalisés avec plus de conscience, plus de présence.
Et nous découvrons alors ces activités, parfois barbantes, sous un jour nouveau.
Plus rien n’est barbant quand nous cessons de ruminer et quand nous sommes vraiment là !
Essayez la prochaine fois que vous ferez la vaisselle : écoutez le bruit de l’eau, sentez l’odeur de l’eau, du produit vaisselle et de la vaisselle. Puis plongez vos mains, goûtez à ces sensations, quelle est la température de l’eau , est-ce agréable ? est-ce doux ? Sentez le contact de vos doigts avec l’eau puis avec chaque ustensile, est-ce la même chose avec une assiette, une fourchette ? Sentez vos pieds posés au sol.
Vous verrez, faire la vaisselle de cette façon est très agréable car vous n’êtes plus en lutte avec votre mental qui vous dit habituellement « j’en ai marre de cette vaisselle », « ça pue », « j’aimerais mieux faire autre chose », etc
Vous agissez et vous êtes pleinement dans l’action, pas ailleurs !
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